mercredi 26 juin 2013

Une visite surprise de Claudie Pernusch


Aux Editions Belfond

Le seul fait de savoir que la trame se déroule à Soulac m’a suffi à acheter cet ouvrage. Si le sujet de fond est grave l’histoire elle-même reste légère…

Ces quelques pages, lues d’une traite, m’ont ramené avec plaisir vers ces lieux bien connus du Médoc. On y parle de grands crus, de gastronomie, de pibales, de dunes, d’oyats…Qu’on ne s’y trompe pas on est bien dans la région de Soulac et si l’on ne le savait pas déjà, on comprend que, comme beaucoup d’entre nous,  cette terre est chère à l’auteur.
De ce point de vue-là, je ne suis pas déçue… Quant à l’histoire c’est un autre débat.

Paulin la quarantaine, ancien professeur de mathématiques reconverti en commerçant coule une vie paisible et sans surprise dans son village natal.
Bientôt sa tranquillité sera mise à mal par une nouvelle déconcertante ; il est le père d’une fillette de neuf ans.
Or, il n’y a pas de place dans sa vie et surtout dans celle de sa compagne pour cette gamine. Son refus est catégorique, il ne souhaite pas rencontrer la petite Hermine. C’est sans compter l’opiniâtreté de cet enfant dont le but est l’exact opposé de celui de Paulin.
Après bien des déboires et des déconvenues, il finira par croiser la route de celle qu’il nommera désormais « sa fille ».

L’histoire est agréable et rythmée mais le style d’écriture l’est  un peu moins à goût. Cependant il faut reconnaître que Claudie Pernusch excelle dans la construction de ses dialogues qui sonnent justes, notamment dans ceux d’Hermine.
Le livre aborde en réalité deux sujets ; le principal,  la quête d’un père par une petite fille et le secondaire, l’amour d’un homme pour une femme enfant égoïste, traumatisée par une enfance perturbée. Si le premier sujet est touchant et attendrissant le second ne semble être là que pour donner une dimension supplémentaire au refus de Paulin d’être père. Cette  relation amoureuse dépeinte tout au long du livre par  une envie récurrente de Paulin de faire l’amour à sa belle, n’apporte que peu d’intérêt à l’histoire, si ce n’est une touche érotique qui revient régulièrement.

Pour être fidèle à ce que je pense, à savoir une histoire est souvent ressentie différemment par les lecteurs… Bien heureusement ! Vous trouverez avec les liens ci-dessous, deux  commentaires de blogueurs dont les avis diffèrent du mien.
ou


Bonne lecture !

samedi 8 juin 2013

La vérité sur l'Affaire Harry Québert


de Joël Dicker
Aux Editions de Fallois/L'Age d'Homme

Résumé de l'éditeur :
A New-York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain  à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.
Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son mai et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il faut l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions. Qui a tué Noel Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?
Sous ses airs de thriller à l’américaine, la Vérité sur l’Affaire Harry Québert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.


Mon avis:

Si je m’étais arrêté à quelques chroniques lues sur la toile, je n’aurais pas acheté ce livre, et je serais passé à côté d’un bon roman, d’une histoire ficelée, d’un d’ouvrage que l’on ne repose qu’une fois  la dernière page tournée. Il est en effet de ce genre de livre qu’on lit d’une traite sans s’arrêter et de celui où l’on quitte l’histoire et ses personnages à regret.
Il est question d’un jeune écrivain célèbre en panne d’inspiration et d’un autre écrivain non moins célèbre qui fut son professeur et mentor durant sa période universitaire. Il est aussi question d’amour, de trahison… Je pourrais parler longuement de l’histoire et de ses multiples rebondissements, de la liaison passionnelle qu’entretenait le professeur avec la victime, de l’intrigue, du suspens, du fait qu’à chaque fois que l’on pense tenir un coupable, un nouvel élément vient contrecarrer notre hypothèse rendant l’histoire captivante. Mais il est inutile d’en dévoiler plus que le résumé ne le fait déjà pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte.

La description faite de la nature de l’écrivain lui-même et du rapport qu’il entretient avec son entourage et notamment avec son éditeur, donnent un intérêt supplémentaire à la lecture de ce roman.
Un troisième point intéressant à soulever, même s’il a été très décrié par quelques chroniqueurs et blogueurs ; c’est la façon dont Dicker endosse l’habit  d’un auteur américain pour structurer son livre et son histoire. Il décrit l’ambiance de ces petites villes américaines, éloignées des grandes métropoles, dont les habitants  aux rêves inassouvis, déçus et aigris par l’immobilisme de leur vie, suscitent à la fois attrait et dégoût.  Le poids des commérages et des indiscrétions, tout y est dépeint avec habilité et crédibilité.

Joel Dicker a été vivement critiqué pour son style dans cet ouvrage et c’est dommage car comme l’a très justement dit Monsieur de Fallois, son éditeur, lors d’une interview pour le Figaro :
"La première qualité d'un romancier est de savoir captiver le public. C'est un don rare", et il a rajouté "le style doit s'effacer derrière l'histoire". "Dans le roman, le style n'est pas une fin en soit. Ce qu'il faut c'est être vivant..."

Je suis parfaitement d’accord avec Monsieur de Fallois,  je me suis laissé emporter par l’histoire de Monsieur Harry Québert, de la première à la dernière page. Et n’en déplaise aux puristes,  j’ai passé un très agréable moment.

Propos de Monsieur Bernard de Fallois recueillis sur le site du Figaro/livres, cliquez sur le lien ci-dessous :