De Manon Moreau
Aux Editions Delphine Montalant
Résumé de l’éditeur :
C’est l’histoire de
Mara, de Robert, de Sept Lieus, d’Henrique, de Bruce, de Clotilde, de cet homme
qu’on appelle le Breton, de Flora et d’Arpad. Un retraité, un joueur de
guitare, un cow-boy, un exégète de Claude Simon, une brunette maigrichonne, un
taiseux, une grande bourgeoise fatiguée, un gars que la vie un jour a pris pour
un punching-ball. L’histoire de gens qui dans leurs existences urbaines
n’avaient aucune chance de se croiser, mais qui tous, un jour, enfilent de
grosses chaussures, un sac à dos et mettent le cap vers les confins de
l’Espagne, le bout du monde, la fin de l’Europe : Saint Jacques de
Compostelle. Sans se douter que ce chemin vieux comme les contes emporte ceux
qui l’arpentent bien plus loin que ce qu’ils pouvaient imaginer.
C’est un peu l’histoire
de la tour de Babel, sauf que cette fois, ce sont les hommes qui auraient eu le
dernier mot.
Mon humble avis :
Il est un temps
lointain où la petite fille que je fus, regardait son père réparer les bâtons et
les cannes abimés des pèlerins de St Jacques passant devant notre maison. Tant
d’entre eux ont franchi le pas de notre porte, certains assoiffés, d’autres
fourbus par les kilomètres parcourus. Je me rappelle tous ces gens, tous ces
étés, venus de loin, Belgique, Hollande, Autriche, Paris, à pied ou à vélo. Ils cheminaient le long de la
départementale 933. Je me rappelle
aussi, l’hospitalité de mon père qui les
conviait à déjeuner ou à dîner, ou même,
leur laissait jusqu’à planter leur tente
dans le jardin. Tant de cartes postales reçues de St Jacques ou d’ailleurs pour
le remercier de sa générosité…
Alors forcément lorsque
je me plonge dans le « Vestibule des causes perdues », je retrouve avec
les pèlerins de Marion Moreau, un peu de mon enfance. Cette époque révolue où l’on
prenait le temps de discuter avec des inconnus, des étrangers de passage. On ne
parlait pas encore anglais mais à grands coups de gestes et de sourires, on
arrivait à se comprendre. On partageait de petits moments simples mais intenses.
Au delà des souvenirs et
de l’émoi que provoque cet ouvrage, j’ai le sentiment d’avoir moi-même cheminé
avec chacun des protagonistes sur cette route célèbre du Puy en Velay jusqu’à Saint Jacques. J’ai souffert avec eux, ai compati à leur peine et bien que n’ayant reçu aucun
« credential », je me sens désormais l’âme d’un pèlerin.
« Le vestibule des
causes perdues » c’est la rencontre de personnalités différentes que rien
n’aurait peut-être uni dans leur vie mais qui se retrouvent sur ce chemin chacun
un peu replié sur lui-même, portant sur son dos la raison, parfois lourde, de
la décision de partir. Des univers variés de personnages empêtrés dans leurs
remords, leurs doutes, leurs craintes… Tous ont pris la route pour une bonne raison, qui
deviendra une évidence au bout du parcours.
Ces marcheurs solitaires, vont se croiser au fil des étapes,
se revoir, partager leurs peines, s’entraider,
et noueront des liens qui viendront illuminer leur chemin et rendront ce voyage
unique et merveilleux. Qu’importe d’où l’on soit, qu’importe l’âge, ou le problème, que l’on
parle français, espagnol, portugais ou bulgare, le but ultime est de comprendre,
d’arriver, de se retrouver là-bas au bout du monde de l’Europe et de ne jamais
oublier ce qui fut vécu sur ce chemin.
De sa douce écriture
comme une poésie de plus de 300 pages associée à un soupçon de spiritualité, et
beaucoup de tendresse, Manon Moreau fait de ce voyage un enchantement.
« De toute façon le chemin fait bien les
choses, la vie s’applique, ceux qui doivent se trouver se trouvent, personne
n’y coupe.