mardi 11 septembre 2012

Avez-vous l'adresse du Paradis ?



De François Bott aux Editions Le Cherche-midi

L’humour est souvent mis en avant dans les critiques de cet ouvrage, ce n'est pourtant pas ce  que je retiendrais en tout premier lieu à  la lecture de celui-ci.Ce qui me frappe c’est plutôt la nostalgie, l’amour, la détresse, ou même encore la pudeur, que l’on ressent à travers les propos de l’auteur.
François Bott retrace en sept dates, du 7 novembre 2010 au 14 juillet 2011, des instants éphémères de vie qui s’entrecroisent, d’occasions manquées, ou encore de douces et futures perspectives amoureuses.
« Avez-vous l’adresse du Paradis ? » n’est pas seulement l’histoire d’un chassé-croisé de destins entre New-York, Paris et la province, c’est aussi une ode à Paris et à son romantisme, un hommage à ceux qui, de désillusions en désillusions, renouent des liens, continuent leur existence, se retournent sur leur passé avec nostalgie ou sans état d’âme.
Mais ce livre, c’est aussi un début de réflexion, suggéré en la phrase de Paul Eluard : « le hasard, n’existe pas. Il n’y a que des rendez-vous. » Comme si ces personnages dont les chemins se sont croisés « par hasard », devaient inévitablement se rencontrer un jour.
Extraits :
« … Le chic n’empêchait pas le désespoir. Le chic ? C’était quoi, le chic dans une chambre d’hôtel, crasseuse, et minable, de la Cent Dixième Rue ? C’était pathétique, le chic… Avez-vous l’adresse du Paradis ? Tout le monde cherche, personne ne trouve… ».
« Sur les plages de leur jeunesse, Gatsby le magnifique prétendait ne rien aimer tant que les serrements de cœur des fins de saison, lorsqu’on échange les adresses d’hiver et que l’on ferme les parasols. »
« Quand on lui demandait si la vue sur mer ne l’empêchait pas de travailler, il répondait que, dans ce genre de travail, on se permettait parfois de rêver. Sans doute espérait-il, en secret, rejoindre plus tard le prestigieux cortège des écrivains diplomates, ses maîtres et ses modèles : Chateaubriand, Claudel, Giraudoux, Saint-John Perse, Morand, Gary et les autres… Ces gens étaient la preuve que la diplomatie laissait du temps à la littérature. René regardait la mer, sans trop rêver cependant. C’était comme les coups de cœur et le vague à l’âme. Il ne fallait pas abuser de ce genre de laisser-aller. » 
« … Montmartre, Belleville, la République, les Grands Boulevards, l’Opéra, le Palais Royal, la Madeleine, les Champs Elysées, les Invalides, le Trocadéro, Passy, Sèvres-Babylone, Saint-Germain-des-Prés, l’île de la Cité, Montparnasse et la place d’Italie, c’étaient des ville dans la ville. « Vous comprenez, Léon, disait la belle Américaine : des villes dans la ville, avec leurs couleurs particulières, leurs lumières différentes et leurs frontières imperceptibles, mais on les devine quand on les franchit… C’est magique, c’est Paris. »
… Elle parlait du ciel rose de la Concorde, des brumes du canal Saint Martin, des gris magnifiques de la gare Saint Lazare et des rousseurs de l’automne dans les jardins des Champs-Elysées. »