jeudi 18 juillet 2013

L'île des oubliés de Victoria Hislop

Aux Editions Les Escales et en  Livre de Poche


Alexis s’est toujours interrogée sur le silence de sa mère autour de sa famille et de ses origines. Si pendant des années elle fut confrontée à un refus catégorique de s’exprimer sur le sujet, aujourd’hui,  elle s’est mise en quête de la vérité. Alors qu’elle émet des doutes sur son propre avenir, Alexis décide lors d’un voyage en Grèce de terminer son périple par Plaka en Crête, berceau de sa famille maternelle, et  d’essayer de lever le voile sur le passé trouble qui l’entoure.  
Durant ce séjour et grâce aux souvenirs racontés par une vieille amie de la famille, elle comprendra enfin l’histoire de ces grands-parents et arrières grands-parents. Elle découvrira notamment le lien qu’il y eut  entre  eux et l’île de Spinalonga, petit bout de terre où les lépreux vivaient en reclus.
Victoria Hislop, décrit avec précision la vie des Crétois en général et celle des habitants de Spinalonga en particulier, avant, pendant et après la seconde guerre mondiale. Elle évoque la frayeur et la honte que suscitait la lèpre auprès des habitants dont la méconnaissance des causes et des effets reléguait les lépreux dans l’oubli.
Pourtant leur vie continuait à Spinalonga. Une vie très organisée où les petits bonheurs de la communauté venaient égayer leur crainte de la mort, jusqu’à ce que les prémices d’un remède engendrent les premières lueurs d’espoirs et mettent définitivement fin à l’exil des malades.

L’île des oubliés, c’est avant tout une fresque familiale sur plusieurs générations dont la trame se joue entre Londres, Plaka et la petite île des bannis. C’est l’incontournable livre à acheter pendant les vacances. C’est celui qui vous embarquera dans une histoire rythmée que vous lirez d’une traite et que vous quitterez à regret.

mardi 2 juillet 2013

Suzanne aux yeux noirs



De Manon Moreau
Aux Editions Delphine Montalant


Résumé de l’éditeur :

C’est l’histoire d’un marin amoureux d’une Marie. Des Suzannes aux yeux noirs semées dans les jardins. Deux cent deux peupliers, la lumière de Brémeuse, une naissance dans la nuit.
C’est une histoire de sœurs, de fils, de pères, d’autre encore, Théodore, Gianna, Marcello, Céleste, Rachel, Samuel, Betty. Et Ondine, se souviendra-t-elle de la rivière ?

Mon humble avis :

Je ne suis habituellement pas une grande fanatique de nouvelles. Pourtant cette année c’est le deuxième recueil que je lis et tout comme le premier, celui-ci m’a beaucoup plu.
Suzanne aux yeux noirs c’est un livre de dix-huit histoires, des chroniques de la vie de tous les jours, sur des sujets variés, certains légers, d’autres plus graves. C’est d’une écriture pleine de sensibilité et de finesse que Marion Moreau rédige ces tranches de vies. Elle y parle d’amour, d’amitié, de rupture, de départ, d’enfants, de solitude, d’histoires de famille. On y trouve également des références aux rives de la Garonne, au mascaret, à une forêt de peupliers, le tout raconté de façon poétique afin que le lecteur se laisse emporter dans ses propres rêves.  


Mes préférences vont vers » Jaurès », » les limbes » et surtout « le bouquet » dont je vous livre deux courts extraits :

« C’est ainsi depuis vingt-trois ans. De bonne heure le matin de mon anniversaire on sonne à ma porte, j’ouvre, ce sont des fleurs, ses fleurs.
Vingt-trois ans, pas une année sans fleurs, et pourtant chaque fois je suis surprise, je me demande encore qui sonne à la porte, des fleurs pour moi, et de qui ? Le livreur hausse les épaules, quelle boutique, quel fleuriste alors vous envoie ? Le petit mot fixé par une fine épingle, là, madame, je ne peux pas vous en dire plus, enfin si, elles viennent de Montrouge.
Montrouge, bien sûr, Montrouge.
Je me souviens alors que c’est elle, ce bouquet, un gros bouquet rose et blanc, énorme et délicat, débordant. Elle a comme chaque année dévalisé le fleuriste, je la devine le matin même choisissant avec soin et autorité des brassées de roses, de freesias et de renoncules, du feuillage mais pas trop, débordant et discipliné, nous ne sommes pas à un paradoxe près.
Oui chaque année je suis surprise, je ne m’y habitue pas, toute cette délicatesse livrée chez moi de bon matin, comme une bouffée d’élégance et de mélancolie, des souvenirs déguisés en tiges, en pétales et en feuilles, c’est elle qui entre dans ma maison, c’est elle qui prend place dans mon salon, sur la petite table de brocante envahie par ce bouquet trop gros. Dans l’enveloppe, quelques mots de sa main : « je t’embrasse, bon anniversaire, pensées… » Peu de mots, juste de quoi m’assurer que c’est encore elle, le coup du bouquet. »

 « Pas une année elle ne m’a oubliée. Pas une année sans fleurs. Les montagnes peuvent s’écrouler dans la mer, tout, n’importe quoi, elle pense à moi, on sonne à la porte, c’est le matin, soudain j’ai vingt ans. Chaque année j’ai vingt ans.
Nous nous voyons de moins en moins. Une fois l’an peut-être. Si l’on compte le bouquet d’anniversaire, deux rendez-vous par an.
La dernière fois, une terrasse au soleil, en décapsulant la bouteille le serveur a lâché : c’est fou comme votre fille vous ressemble.
Que répondre à cela.
Je ne suis pas sa fille ?
Ce n’est pas ma mère ?
Elle a une belle-fille, une vraie, ravissante au bras de son fils.
Et je suis la belle-fille d’une autre femme.
C’est juste que nous ne sommes pas prévues dans le dictionnaire.
Une anomalie. Quelque chose qui ne se fait pas. Une douce folie.
Elle et moi.
Elle a levé les yeux vers le serveur. Lui a souri.
Oui, elle me ressemble, n’est-ce-pas ?
N’est-ce-pas. »