de Marie-Laure Hubert Nasser
Aux Editions Passiflore
Fin 2013, durant l’un des tout
derniers salons du livre de la région, mon œil avait été attiré par la
couverture de cet ouvrage. Ces petits macarons aux couleurs acidulées
attisaient déjà ma curiosité au moins autant que mes papilles… Mais que
dénonçaient ces tendres friandises face à la rugosité du titre, La carapace de la tortue ? Dans une
parfaite antinomie, entre douceur et rudesse, l’auteur annonce l’essence même
de Clotilde, héroïne de l’histoire, un
cœur délicat sous une armure infrangible.
Clotilde c’est en effet tout cela
à la fois. Enfant « bien née » au sein d’une famille de la bourgeoisie bordelaise,
son avenir aurait pu s’annoncer lumineux
et pourtant… Dotée d’un physique disgracieux, un peu gauche et surtout très
timide, elle est la risée de ses camarades et la honte de sa mère. Enfant introvertie,
peu soutenue par son père, rejetée par la majorité de son entourage, elle ira jusqu’à fuir sa parentèle.
Mais un jour prenant son courage
à deux mains, elle décide de cesser sa cavale et revient s’installer chez sa
tante, propriétaire d’un immeuble cossu dans le centre de Bordeaux. Dès lors, commence une deuxième vie
pour Clotilde. La jeune fille au physique ingrat et à l’allure maladroite mais pourvue
d’une profonde empathie, devient le pilier central, l’élément incontournable
des habitants du 7 rue Ferrère. On ne sait plus très bien alors qui de Clotilde
ou des habitants est là pour soutenir l’autre… Chacun avec ses fêlures et ses
préjugés va aider Clotilde à retrouver
l’assurance qui lui fait défaut.
Tantôt attachants, tantôt détestables,
les habitants de la rue Ferrère nous offrent une fresque de ce qu’il y a de pire
et de meilleur dans notre société. Entre la superficielle nymphomane, la
soumise résignée, l'anti conventionnelle, la vieille ronchon au grand cœur, Clotilde
va retrouver une famille. Une famille dans la laquelle, après une lente
évolution, elle sortira enfin de sa
chrysalide.
Au-delà de l’histoire, de la complexité voire de l’excentricité des locataires
et de l’attachement que l’on ressent pour chacun d'entre eux, Marie-Laure Hubert Nasser,
nous force à nous interroger sur nos réactions quotidiennes motivées par nos
préjugés et nos "première impressions". Se pourrait-il que derrière un
physique qui inspire de l’aversion se cache un être doué de compassion et de véritables valeurs
humaines ?
J’ai lu ce livre d’une traite et
j’ai mis beaucoup de temps à oublier les habitants de la rue Ferrère (mais je
vous laisse en découvrir les raisons).
Par la façon de construire son
roman, par le message ou même la morale
que l’on peut en tirer, par la douceur qui s’en dégage malgré le côté obscur de
la nature humaine, il y a dans ce livre
une légère similitude avec L’élégance du
hérisson.
Je souhaite à Marie-Laure Hubert Nasser autant
de succès que celui reçu par Muriel
Barbery.
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