samedi 27 août 2011

VIE ET MORT DE JEAN CHALOSSE


Ma vie d’exilée volontaire à des milliers de kilomètres des miens m’a obligé dans un premier temps à me recentrer sur moi-même et à tenter de recréer des repères avant de pouvoir aller vers les autres. L'exil est salutaire dès lors que les questions sur le passé nous aident à tirer des enseignements afin d'améliorer l’avenir. Depuis mon installation sur le Caillou, je profite de l’éloignement et du changement de vie radical pour m’interroger sur mes motivations et mes aspirations profondes. Affirmer que toutes ces cogitations s’effectuent dans la joie et la bonne humeur serait un leurre. Entre phases de questionnements intenses et remises en question sur le fait même d’être venue « m’exiler », mon moral oscille entre cafard et doute. Et dans ces moments-là, sans véritablement m’en rendre compte,  je retourne à mes origines et m’évade vers les lieux et les gens qui me sont chers.  C’est donc très naturellement que mes pensées s’envolent vers ma chère Aquitaine.
Sa forêt de pins, ses plages infinies de sable, ses dunes, ses oyats, son océan dont les couleurs changeantes en font un tableau vivant, ses baïnes me manquent, à l’instar de Soulac, Montalivet, Lacanau, Arcachon  Hossegor, Capbreton, Souston, Moliets,  tous ces lieux qui ont bercés mon enfance. De l’embouchure de la Gironde jusqu’à Boucau où se jette l’Adour, ce ne sont qu’étendues de sable et marées vertes de pins. Les pins… Je les ai toujours aimés, la résine qui coule dans les pots de terre accrochés à leur flanc, les aiguilles qui tapissent le sol et craquent sous vos pieds, les « pignes » ou pommes de pins et leur pignons, la bruyère qui colore la forêt et les fougères dont les feuilles brunissent avant même la fin de l'été. L’odeur de l’humidité  les jours d’automne à la recherche des cèpes me ramènent à mes souvenirs de cueillette.
Dax, Mont de Marsan, Pissos, Moustey, jusqu’à Bordeaux…. La forêt est partout. Certains la disent monotone, moi je la trouve belle, inspirante, peut-être même envoutante. Elle fait partie intégrante de ma vie ;  je ne compte plus les fois où nous avons circulé sur la D933. Cette route qui traverse la forêt landaise de bout en bout et sur laquelle, entre Mont de Marsan et Bordeaux, on peut rouler des kilomètres sans rencontrer ni village ni voiture. L’un des tous premiers livres qui me fit aimer la lecture me fut offert par ma maitresse de CM1. Le commentaire  qu’elle écrivit alors sur la première page, fut le suivant : « Que ce livre te permette de toujours aimer les Landes ». Je n’ai pas eu eu besoin de ce livre pour aimer cette terre mais j’ai apprécié l’histoire de cet ouvrage qui éclaire le lecteur sur ce que fut cette région marécageuse aux temps des moutonniers des Landes. Il décrit si bien ce paysage et l’histoire de ces hommes perchés sur leurs échasses pour guider leur troupeau à travers cette forêt, que j’ai envie de le partager avec vous.
« Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes », de Roger Boussinot,
Collection « Le livre de Poche ».
Ce témoignage d’une époque révolue nous ramène à la fin du XIXème siècle, période où le gemmage s’effectuait à la main et où les moutonniers étaient encore présents dans les Landes.
Jean dit « Chalosse » fut abandonné à la naissance devant la maison de l’un d’eux. Non seulement vous découvrirez la vie de ces hommes en transhumance mais les diverses références à Bordeaux et aux villages landais vous donneront une idée des différences entre gens des villes et gens des campagnes à cette époque dans la région Aquitaine.

Petit conseil, pour ceux d’entre vous qui un jour traverseront les Landes (si ce n’est pas déjà fait) c’est d’aller visiter l’Ecomusée de Marqueze pour revivre le temps d’une ballade les Landes d’autrefois.

1 commentaire:

  1. Se remettre en question, accepter de changer, voilà ce qui permet d'avancer...c'est exactement ce que tu fais en ce moment. Et je te confirme que tu es une personne curieuse mais pas une curieuse personne, en tous cas, pas à mes yeux:) Bon week end et à très vite à Paris, Munich ou dans les Landes, qui sait??

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