Aux Editions Actes Sud
En 1976, lors des jeux Olympiques de Montréal, une
petite gymnaste venue du fin fond de l’Europe de l’Est, marquait à jamais les
esprits des spectateurs et téléspectateurs. Certains se rappellent encore les prouesses
réalisées par cette enfant menue, coiffée de couettes, sanglée dans un justaucorps
immaculé, dont les notes élevées firent exploser les compteurs. Ce jour- là, une étoile était née. Nadia
Comaneci, jeune enfant de 13 ans dont le destin allait marquer toute une
génération de petites filles, entrait
dans la légende des jeux.
C’est l’histoire que nous raconte Lola Lafon,
fascinée par le parcours de Nadia Comaneci. Mais si sa vie relève en partie du
rêve, un autre aspect, plus sombre nous
est révélé par l’auteur en créant une relation fictive avec la gymnaste, par l’alternance
de faits réels et de dialogues imaginaires avec Nadia tout au long du roman.
Remarquée très tôt par son très controversé
entraineur Bela, Nadia est la figure de
proue de l’équipe de gymnastique roumaine. Programmée pour gagner des
médailles, elle devient grâce aux jeux de 1976, l’emblème victorieux de
l’Empire de Ceaucescu.
Mais la légère petite fille qui excelle à la poutre
et aux barres parallèles subit les bouleversements de la puberté. Elle engage
alors une lutte, frôlant la maladie, pour rester la fillette qui avait séduit
le monde entier. Soumise à son entraineur, soumise au régime de Ceaucescu, soumise
à Nicu Ceaucescu lui-même, soumise enfin à une Roumanie communiste, pays où
l’on ne naissait pas libre, elle devient le jouet de la scène politique
internationale, le faire valoir du dictateur.
Lola Lafon retrace la vie d’une
petite fille devenue adulte, de son ascension à son déclin et nous offre un
parallèle entre la société que fut cette Roumanie communiste un pays où l’on manquait de tout, et ce monde de consommation
dans lequel nous évoluons aujourd’hui où rien ne manque, mais qui nous enferme
dans le besoin d’obtenir toujours plus.
Avec une écriture maitrisée, Lola
Lafon nous livre un ouvrage d’une grande qualité et grâce au risque qu’elle s’est
autorisée en inventant les échanges avec Nadia, elle laisse au lecteur le
loisir d’imaginer ce que fut vraiment la vie de la gymnaste ; a-t-elle été
une victime du régime ou au contraire une parfaite opportuniste comme certains
la décrivent ?
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